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Les Vitrines de France

Jean-Pierre Lehmann, Président Les Vitrines de France

Jean-Pierre Lehmann

La Fédération « les Vitrines de France », rassemble plus de 650 adhérents qui sont des associations de commerçants, des mairies, des Chambres de Commerces et d’Industrie et des Communautés de Communes. Leur démarche est de promouvoir le commerce de proximité pour construire une ville dynamique dotée de commerces de toute taille dans un environnement convivial articulant commerce, culture, déplacements et services.

Deux mot pour définir le centre-ville de demain : QUALITATIF ET CONVIVIAL !

Vous conseillez plusieurs prestataires dans le cadre du numérique, cette crise a-t-elle amplifié les choses ? Avez-vous l’impression que vos adhérents vous sollicitent de façon plus importante ?

Des plateformes de marché en ligne ont été mises en service mais on constate que cela ne représente que trop peu de ventes. Beaucoup d’argent a été mis dans ces plateformes pour des résultats très décevants.

Pour avoir des résultats satisfaisants, il est indispensable de :

  • Former
  • Appuyer
  • Accompagner dans la durée
  • Communiquer (budget important)
  • Renseigner

De nombreux commerçants ne sont pas prêts à cette transition numérique. C’est souvent une deuxième boutique à tenir et cela représente donc beaucoup de travail en plus.

Les plateformes de marché en ligne engendrent peu de ventes, par contre, on constate un phénomène qui consiste à une recherche du produit en ligne suivi d’un déplacement et un achat qui se font ensuite dans le magasin physique.

Nous sommes pour les systèmes de livraison mais contre un système « centralisé » similaire à celui des GAFA. Nous priorisons :

  • Les conciergeries de ville
  • Le développement de Drives Urbains
  • Le Click & Collect

Ces outils permettent de continuer à faire venir les consommateurs en centre-ville tout en conservant un aspect pratique. 

Nous sommes inquiets de la croissance du nombre de livraisons. Ce système est très utile en période de crise mais ne doit pas devenir une habitude qui se prolonge dans le temps au détriment du dynamisme des villes.

En ce moment, nos centres villes manquent de consommateurs physiques. On sait que pour certains commerces 60 à 80% de leurs clientèle sont des gens qui viennent travailler en ville tous les jours.

La montée du télétravail signifie donc encore moins de consommateurs pour nos commerces de proximité, sans compter une crise de l’immobilier de bureaux sans doute sans précédent.

La solution viable pour palier ce phénomène est une recomposition de l’offre commerciale de centre-ville avec de nouveaux concepts comme la création de tiers-lieux ou des espaces de coworking qui permettent de retrouver un élan de dynamisme dans les centres-villes.

Aujourd’hui nous parlons beaucoup de numérisation du commerce, avez-vous le sentiment que les commerçants l’utilisent de plus en plus souvent ?

Pour beaucoup de consommateurs, le nouveau commerce de proximité est maintenant Internet. Par contre, pendant la crise, les commerces qui ont pu rester ouverts comme les boucheries et les boulangeries ont eu du succès, et c’est un signe d’espoir.

Après la crise sanitaire, les citoyens n’auront plus les mêmes attentes. Il y a un gros travail de restructuration des centres villes à faire avec les élus pour s’adapter aux nouvelles normes qui vont se développer. Beaucoup de commerçants ont essayé de trouver des solutions via les réseaux sociaux, le click & collect sans forcément passer par la création d’un site internet, c’était de l’adaptation, une prise de conscience de leur part. Les commerçants les plus anciens ne feront pas ou peu d’efforts, cherchant plutôt une solution pour vendre leur boutique.

Selon vous, comment voyez-vous la numérisation de nos centres-villes, la livraison, le click & collect. Comment voyez-vous l’évolution du numérique ? Comment imaginez-vous le centre-ville et les commerçants en 2030 ?

Selon moi, les centres villes auront toujours leur patrimoine, leur histoire, leurs touristes et personne ne leur enlèvera cela, ils sont un atout impossible à concurrencer, ils sont vecteur de liens sociaux, le centre-ville permet les rencontres. L’être humain est un animal social, lorsqu’on reste chez soi et qu’on ne parle plus à personne, on devient fou. Les gens ont besoin de se rencontrer et de se retrouver pour être heureux et les centres-villes ont cette vocation.

Il faut comme je l’ai dit plus tôt recomposer les centres villes pour s’adapter aux nouvelles attentes des citoyens et ce de manière évolutive en tenant compte de l’évolution de la situation sanitaire.

Je pense que les maires doivent impérativement rassembler tous les acteurs autour d’eux. Ils auront d’énormes responsabilités concernant les projets de centre-ville à venir. Ils doivent prendre le temps de faire une projection sur ce à quoi vont ressembler les centres villes dans 10 ans afin de mettre en œuvre les changements nécessaires (taille du centre-ville commerçant, accessibilité du centre-ville, offre commerciale nouvelle moins axée qu’aujourd’hui sur l’équipement de la personne). Les commerçants eux-mêmes doivent renouveler leur offre en fonction des nouvelles demandes des consommateurs (la location, la consommation responsable, la proximité, etc.)