MENU FERMER

Confédération des Commerçants de France

Francis Palombi, Président de la Confédération des Commerçants de France

Francis Palombi

Fondée en 1906, la Confédération des Commerçants de France œuvre aux côtés des syndicats professionnels dans un but à la fois social et professionnel. Représentant et défendant les intérêts professionnels de ses membres auprès de diverses instances, la confédération est forte de 19 organisations professionnelles nationales, régionales ou groupements de commerçants indépendants qui regroupe plus de 450000 entreprises du commerce de détail alimentaire et non alimentaire et près d’un million de salariés.

Les centres-villes sont irremplaçables, ils sont l’histoire du pays, l’histoire de la ville, le cœur du commerce

Comment aidez-vous vos adhérents à opérer leur transformation numérique?

La sensibilisation des commerçants de proximité s’est faite plus timidement que ce qui était prévu. La plupart des commerçants de la Confédération des commerçants de France ont été au départ assez réticents à cette transformation numérique qu’ils ont vu comme une menace qui allait faire mourir leur commerce et le lien client physique.

Affectés par la crise, les adhérents ont été à l’écoute des recommandations de la CDF en faveur de cette transition mais pas suffisamment mobilisés.

Nous avons agi activement pour nos adhérents au travers de :

  • Visioconférences/ rencontres ;
  • Développement d’une application numérique qui a pour but d’accompagner les adhérents dans cette transformation et cette transition, Simple Maps.

Cette application est déjà prête à l’emploi et ouverte à tous les commerçants indépendants, quelques milliers de commerçants sont d’ores et déjà dessus.

Aujourd’hui, les commerçants ont bien compris qu’il est nécessaire de s’adapter à la situation de crise dans laquelle se trouve notre pays. Ils se sont rendu compte que le numérique représente un atout pour leur commerce car il permet un supplément de vente grâce aux achats en ligne mais aussi un accès plus facile à l’information et une communication efficace.

Observez-vous des disparités sur le territoire en termes d’adaptation au numérique? Observez-vous des disparités par rapport aux différents commerçants et artisans ?

Il y a effectivement des disparités évidentes en termes d’adaptations à ces nouveaux outils comme nous avons pu le voir tout au long de cette crise avec la concurrence des grandes firmes de distribution qui est devenue déloyale. Les grands commerces logistiques comme Amazon créent une addiction chez les consommateurs.

La distribution est aujourd’hui omnicanale, il y a une très grande différence entre les traitements logistiques des grandes firmes et celles des commerçants indépendants.

Nous souhaitons que le traitement des entrepôts logistiques soit plus équitable et que les grandes firmes de distributions comme Amazon soient régies par les mêmes règles que les commerçants physiques.

Nous avons l’intention de remédier à ces inégalités que je considère comme des anomalies constitutionnelles et législatives.

Aujourd’hui, beaucoup de maires font un travail très important au niveau de la création d’applications ou de solutions numériques pour les commerçants, bien que cela diffère en fonction des régions.

Cependant, je soutiens que le développement du numérique est possible dans les petites villes aussi bien que dans les grandes et que l’appropriation du numérique chez tous les commerçants peut être le moyen de rééquilibrer la concurrence inégale due à la crise.

Je souhaite que tous se mette en pleine action pour développer le numérique dans notre pays. Pour ma part, je préconise que tout le dispositif de la numérisation : vente en ligne, Click & Collect, livraison soit porté une coopérative financée par les commerçants, professions libérales et si possible par la collectivité, via les Sociétés coopératives d’intérêt collectif (SCIC) de centre-ville.

Rappelons également que le gouvernement apporte des aides aux collectivités locales pour favoriser le développement du numérique dans ses régions. C’est pourquoi je suis très optimiste à ce sujet bien que cette transformation reste lente au démarrage.

Au niveau des différents types de commerces, il existe des disparités. Les commerces alimentaires peuvent utiliser des applications qui permettent d’améliorer leurs ventes (de 5% à 15% de ventes en plus) mais cela reste très limité en terme de grande diffusion tandis que le « Click & Collect » pour les commerces non-alimentaires peut être un atout en ces temps de crise sanitaire.

Est-ce que le numérique fait l’objet de cours dans votre formation au sein de votre confédération ?

Je confirme que la CDF propose un relais formation dans l’application dont j’ai parlé plus tôt. Cette formation permet aux adhérents d’être accompagnés durant cette transition numérique, car il est évident qu’ils doivent être sensibilisés et accompagner vers cette transition.

Comment imaginez-vous le centre-ville et le monde commerçant en 2030 ?

Je pense que pour arriver à une numérisation des centres-villes qui harmonise l’économie et l’écologie, il faut faire comprendre à tous que les consommateurs aiment leurs commerçants ainsi que leurs centres-villes. Les centres-villes sont irremplaçables, ils sont l’histoire du pays, l’histoire de la ville, la culture, le cœur du commerce et il est donc évident que des règles vont se développer afin de permettre au numérique d’être un outil plus vertueux qui ramène la distribution à sa juste valeur.

Aujourd’hui, les centres-villes sont en train de se revitaliser et il est important que les acteurs du commerce soient regroupés pour pouvoir échanger et monter des projets comme le fait par exemple la société coopérative d’intérêt collectif (SCIC) créée à Langogne en Lozère.

Pour finir, je rappelle que la CDF se battra pour qu’il y ait des règles pour le grand commerce numérique car cela est vital pour nos commerces.