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Arnaud Robinet, Maire de la Ville de Reims

Arnaud Robinet, Maire de la Ville de Reims, 1er Vice-président de l’Association Centre-Ville en Mouvement

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Maire de la ville de Reims, 1er Vice-président de l’association d’élus et parlementaires Centre-Ville en Mouvement

Le numérique est un outil de communication extraordinaire, il existe peu de commerçants qui ne possèdent pas une page Facebook, même si elles ne sont pas bien gérées. Cependant, il y a une réelle volonté de communiquer.

En tant qu’élu, avez-vous eu le sentiment, que dans cette course au numérique, vos administrés sont de plus en plus en demande d’accompagnement ?

Depuis quelque temps, on assiste à un monde à deux vitesses: d’un côté, les plus doués en technologie, qui ont intégré pleinement le numérique. Ils vivent au quotidien avec diverses applications et leur vie est réglée avec ce paramètre. Cela concerne le domaine commercial mais aussi la vie du commerçant en tant que tel.

De l’autre côté, nous avons des concitoyens qui ne maîtrisent pas le numérique. C’est une partie de nos commerçants, consommateurs laissés pour compte. Il y a également le facteur générationnel, où les plus âgés doivent composer avec cette révolution numérique.

Pour le commerce, il y a donc des conséquences :

  • une perte de clientèle potentielle pour les commerçants ;
  • une mauvaise connaissance des offres pour les clients.

Y a-t-il des enseignes qui sont plus à l’aise avec le numérique que d’autres ?

Il n’est pas forcément question d’enseigne mais plutôt du statut du commerçant : succursales, franchisés, indépendants.

Les franchisés peuvent s’appuyer sur les services numériques de la marque, il n’y a aucune difficulté, ils ont la possibilité de vendre leurs produits en ligne. Il en est de même pour les succursales, liées à la maison mère.

C’est plus compliqué pour les indépendants, on voit davantage la fracture générationnelle. Il y a des commerçants indépendants qui exercent leur activité depuis plus de 20-30 ans et qui n’ont pas pris l’habitude de numériser les stocks, le fichier clients. Il y a également le fait qu’ils ne connaissent pas ses outils, parfois ils n’ont pas forcément envie de s’adapter. Certains ne voient pas trop l’intérêt de sortir de leur zone de confort.

À Reims, dans le prêt-à-porter, les jeunes ont plus de facilité à créer leur page Facebook et des dispositifs pour de la vente en ligne.

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Quel est le bon équilibre entre le commerce numérique et physique ?

Je reste persuadé que nos concitoyens ont besoin de se déplacer, il y a cette envie de commerce de proximité. Pour certains achats, le numérique facilite énormément la tâche via le Click & Collect, la livraison. Le commerce doit s’adapter à ces évolutions. Il ne faut pas être spectateur, il faut être acteur, en s’engageant via ces nouvelles technologies et en s’adaptant aux nouvelles attentes du client.

Aujourd’hui, un commerce doit être ouvert aux heures du déjeuner et après le travail sur rendez-vous. Il y a deux modèles d’adaptation qui sont complémentaires et qu’il ne faut pas opposer. Les commerces doivent privilégier la relation avec le client.

En 2021, il y a trois acteurs :

  • le commerce de centre-ville et de quartier
  • les grandes surfaces et les commerces en périphérie
  • le commerce en ligne

Il faut donc trouver cette complémentarité qui doit répondre aux attentes de chacun. Il est facile de critiquer le commerce en ligne, mais la vérité c’est qu’il ne pourra pas s’arrêter. C’est un outil qui existe et qui ne disparaîtra pas. On a pu parler d’Uberisation de la société, mais cela a permis aux taxis d’améliorer leur offre de service pour faire face à la concurrence.

En écoutant parler d’autres acteurs du centre-ville on se rend compte que certains commerçants ont beaucoup de mal à s’adapter aux nouvelles technologies, qu’en pensez vous ?

Cette numérisation ne se fait pas du jour au lendemain. Ce sont des accompagnements qui se font sur le moyen/long terme. Les CCI ont par exemple un rôle à jouer en ce moment dans la revitalisation des centres villes.

À Reims, il y a eu la création d’une Marketplace, on y retrouve principalement des commerces dit « essentiels », c’est-à-dire alimentaires. Ce qui n’a pas aidé tous les types de commerce. On a donc vu que ces outils ne répondaient pas pour de multiples raisons aux attentes et besoins.

Le numérique est un outil de communication extraordinaire, il existe peu de commerçants qui ne possèdent pas une page Facebook, même si elles ne sont pas bien gérées. Il y a cette volonté de communiquer.

Concernant les restaurateurs, les services de livraison ont permis de garder un lien avec le consommateur mais aussi de trouver un nouveau type de clientèle qui ne venait pas consommer sur place.

Comment voyez-vous le centre-ville en 2030 ?

On peut imaginer que les usages évoluent et que les commerces de demain peuvent être expérientiels, avec des espaces de vente et un aspect numérique.

Aujourd’hui le vrai débat concernant les centres-villes est de savoir s’il va être piéton ou circulant. Cela peut avoir un réel impact sur la vision d’un centre-ville. J’ai toujours imaginé le centre-ville comme un centre commercial à ciel ouvert. Il y entre autres des enseignes nationales et internationales, ce qui peut faire débat concernant l’uniformisation des centres-villes.

Le centre-ville est un ensemble, on a la question de la présence des enseignes, de l’événementiel, de la sécurité et la question de l’urbanisme. Il y a une volonté de piétonnisation d’un certain nombre d’axes, en proposant des parkings en périphérie du centre-ville.

Il y a une vraie politique urbanistique qui va accompagner cette évolution. Certains commerçants ne sont pas d’accord avec la chrono-piétonnisation, qui prend en compte des périodes de piétonnisation plus importantes que d’autres. Il y a différentes appréhensions en tant que touriste ou en tant qu’habitant.

Qu’est-ce qu’a apporté la promenade-coulée verte à votre centre-ville ?

Il y a deux ans, cet axe était entouré de parkings. Aujourd’hui, c’est un lieu qui vit, les gens reviennent pour les promenades, pour se retrouver.

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Est-ce que le numérique peut aider à la mobilité ?

Le numérique doit être un outil pour favoriser la mobilité dans toutes ses formes. C’est la possibilité de réserver sa place dans un parking, d’imaginer un parcours avec différents modes de transport pour jouer sur l’intermodalité. L’objectif de la collectivité est de faire de la pédagogie, accompagner le concitoyen à utiliser ces outils numériques. On l’a fait dans le cadre du processus administratif. Il faut aider les moins doués et aussi les étudiants qui auront forcément à faire avec le numérique. Chaque citoyen doit avoir accès au numérique.