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Nadjoua Belhadef, 13e Adjointe au maire, Ville de Dijon

Nadjoua Belhadef, 13e Adjointe au maire, Ville de Dijon

Nadjoua

13e Adjointe au maire, Ville de Dijon

Je tiens trop aux relations humaines pour envisager que le numérique remplace totalement les relations de proximité avec le client

Aujourd’hui le numérique est devenu incontournable dans notre vie quotidienne.

Avez-vous le sentiment que vos administrés sont de plus en plus en demande d’aide concernant le numérique ? Si oui, comment votre ville vient-elle apporter son soutien pour cette aide au numérique ? Avez-vous le sentiment que cette démarche devient naturelle ?

Le développement du numérique est devenu prégnant dans la vie quotidienne. Notre société se dématérialise, il faut s’adapter à ce changement.

La crise sanitaire confirme l’évolution du numérique qu’on a connu sous trois phases :

  • Les années 80 avec la généralisation de l’ordinateur personnel et la naissance d’internet ;
  • Les années 90 avec l’explosion du phénomène internet : le « réseau des réseaux » ;
  • Les années 2000 avec l’apparition du smartphone.

La municipalité de Dijon met un ensemble de moyens :

  • Dématérialisation des démarches administratives ;
  • Mise en place de « Panda »: des lieux dans lesquels les personnes non-équipées peuvent trouver les outils nécessaires, un accès internet et des formations collectives ;
  • Des aidants numériques, agent de la collectivité qui ont pour rôle d’accompagner les administrés qui le souhaitent avec une assistance individualisée et personnalisée.

Toutefois on ne peut pas qualifier la démarche comme étant naturelle. En fonction des générations, nous n’avons pas tous la même adaptation. Les enfants sont très familiarisés avec les outils numériques dès leur plus jeune âge, les anciennes générations doivent faire l’effort de s’approprier ces outils. Il faut donc adapter l’accompagnement au numérique en fonction des publics.

Pour les commerçants et artisans, la vente en ligne, le Click & Collect apparaissent pour certains comme une obligation. Nous connaissons les difficultés que peut engendrer cette transition vers le numérique. Que pensez-vous de cette situation qui s’est accélérée avec la crise ?

À Dijon, on constate une très forte progression du E-commerce qui est de 70% entre 2015 et 2020 avec pour certains secteurs, jusqu’à 14% de part de marché, avec des taux d’évasion commerciale entre 16 et 20%. De nombreux dispositifs sont mis en place sur Dijon.

Soit ils ont été ponctuels, sous forme d’animation spécifiques :

  • Septembre 2016 – Opération Centre-ville Connecté qui réunit des centaines de personnes à Dijon dans un « parcours client » dans la ville, permettant de vivre une expérience « connectée » grâce aux boutiques utilisant la géolocalisation, les QR Codes, des applications mobiles, des essais virtuels ;
  • Juin 2018 – Wifi gratuit dans toute la métropole pour tous les citoyens ;

Soit il s’agit d’outils toujours en place :

  • Printemps 2016 – Drive fermier avec la chambre d’agriculture qui permet d’agréger des producteurs locaux (40 producteurs) qui ont pu vendre leurs produits en ligne ;
  • Avril 2019 – Lancement du projet de Smart City « On Dijon » avec la mise en service du poste de pilotage. Ce projet s’appuie sur l’open Data pour créer de nouveaux services publics à partir des données recueillies grâce aux équipements publics. Le poste de pilotage connecté permet de centraliser sur un même site toutes les équipes en charge de la gestion des équipements et des opérations sur l’espace public (carrefours à feu, éclairages publics, vidéo protection) ainsi que le portail téléphonique, la police municipale commun pour obtenir une gestion optimale et fluide)
  • Juillet 2019 – « Commerce 4.0 » qui nous a permis de présenter la révolution du commerce numérique en mettant en avant les risques et les avantages de ces nouveaux outils ;
  • Début 2020 – Dispositif Myshop 360, un diagnostic permettant de mesurer les forces et les faiblesses d’un commerce sur son intégration aux outils numériques ;
  • Avril 2020 – Marketplace réunissant l’ensemble des partenaires économiques du territoire pour soutenir les commerçants. Cela demande du temps, des professionnels pour faire progresser ce système. Ce site est aussi en train de développer des conciergeries urbaines qui sont très en vogue en ce moment.

Le numérique ne sera qu’un plus dans nos commerces qui favorisent l’omnicanal. On sent que les commerçants ont une volonté de s’améliorer dans ce domaine. Ce système est le « trait d’union » entre l’internet et le physique, il permet la simplicité des achats en ligne tout en conservant le contact humain. Certains commerces sont très favorables au numérique: les accessoires et le prêt à porter. D’autres activités, sont moins concernés comme les coiffeurs.

La sensibilité au numérique dépend beaucoup de la personnalité du commerçant et de son envie ou de sa capacité à utiliser les outils numériques. La solution pour permettre de mieux accompagner cette transition est la formation et la pratique régulière.

Les 500 euros du gouvernement pour faciliter la transition numérique sont intéressants mais ne suffiront pas à amortir le coût de ces changements. La question est de savoir si on peut inclure réellement la formation en lien avec l’ensemble des dispositifs cités.

Nous parlons beaucoup des datas.

Que représentent pour vous ces Open Datas? Quels sont les autres sujets qui vous paraissent importants à aborder lorsque l’on parle de la numérisation ? Comment imaginez-vous les centres-villes et le monde commerçant en 2030 ?

Nous utilisons l’Open datas dans le contexte de notre projet Smart City pour optimiser la gestion de tous nos services publics sécurité, transports, gestion des déchets, gestion de l’eau etc mais aussi pour améliorer les interactions avec les citoyens et les usagers de la ville.

Dijon souhaite mettre en place des dispositifs de données ouvertes dans tous les domaines possibles, mettre en place des partenariats avec des startups, des entreprises privées et publiques dans le but de réaliser nos grands projets.

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Nous sommes en train de développer une application qui va permettre de proposer de nouveaux services liés à la vie quotidienne sur le territoire comme par exemple :

  • Des services de « civic-tech » et de démocratie directe. Notamment des services de diffusion des données et informations de la Métropole, y compris en temps réel… Et d’autres qui permettent aux citoyens de participer « en direct » à la vie de la Métropole (vote du budget, proposition d’aménagements ou d’implantation de commerces, suivi et priorisation des travaux dans les quartiers…)
  • Des services vers le monde marchand

Les datas sont présentes pour valoriser l’attractivité de la ville et nous organisons également pour mieux répondre aux attentes de nos administrés.

Le centre-ville de 2030, je l’imagine ouvert, hors de nos crises sanitaires et numérisé. Cependant, je tiens trop aux relations humaines pour envisager que le numérique remplace totalement les relations commerciales physiques. Le numérique doit rester un outil supplémentaire qui soit au service de l’activité commerciale, au service du lien facilité entre le commerçant et le client.

L’omni-canal et le digital sont les termes de 2030. J’imagine le centre-ville avec une formation de tous nos commerçants avec l’appui du gouvernement, avec des boutiques ouvertes, variées, tous les commerçants auront des sites capables d’offrir une alternative aux GAFA.

J’imagine aussi une consommation plus respectueuse de l’environnement, une société moins consumériste, repositionnant comme essentiels le consommer local et la relation client.