- La crise vous a-t-elle permis de voir la ville autrement ? Les gens veulent-ils revenir dans des villes moyennes ?
Les migrations vers les villes moyennes sont un mouvement que j’ai pu observer depuis quatre ou cinq ans et surtout durant la crise des gilets jaunes. En effet, de nombreux manifestants se sentaient refoulés en périphérie de leurs villes, par exemple à Bordeaux, en raison de l’explosion des prix de l’immobilier. Et à cette relégation s’ajoute souvent un sentiment de déclassement important. Au contraire, à Limoges, les gens se disent ravis d’avoir acheté car la ville propose une haute qualité de vie et de services (hôpital, université…).
Sans vouloir être pessimiste, beaucoup de civilisations se sont effondrées au moment d’une hyper urbanisation et le COVID-19 a révélé les problèmes que peuvent entraîner les lieux densément peuplés. Cette observation s’appuie également sur les nombreuses migrations de Paris vers la campagne durant le confinement. De plus, les gens qui ont été confinés dans un appartement de 30-40 m² ont été amenés à repenser leur cadre de vie.
Paradoxalement, les villes françaises ont besoins d’être redensifiées pour faire revenir des habitants en centre-ville et arrêter de grignoter sur les espaces ruraux et agricoles. Or la densification à la française n’est pas la même que la densification à la coréenne ou à la japonaise. En France, il faut réhabiliter et rénover les centres-villes avant de construire de nouveaux bâtiments.