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France Boissons

Loïc Latour, Président Directeur Général – Xavier Fiorina, Directeur Supply Chain chez France Boissons

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France boissons est un acteur leader de la livraison de boissons qui est présent sur 72 sites. Chaque année 49 000 clients sont livrés. Par jour l’entreprise effectue entre 6000 et 7000 livraisons grâce à un peu moins de 800 camions. France boissons, en étant présent sur l’ensemble du territoire national, peut offrir une vision à la fois locale et globale sur les dynamiques des communes et de leurs centres-villes.

Il faut qu’il y ait une réflexion globale sur la livraison et en prenant en compte toutes les formes de livraisons

Remarques et observations de l’entreprise sur la livraison :

  • La livraison et l’approvisionnement sont amendés depuis 5-6 ans par des canaux différents. L’explosion du e-commerce a ajouté aux livraisons aux commerçants et aux professionnels, des livraisons aux particuliers et ce mouvement s’est fortement accentué avec le confinement. Les centres-villes sont donc désormais livrés par des camions et par des camionnettes diverses et variées, par des mobylettes et par des vélos. Les piétons peuvent se retrouver gênés pour marcher sur le trottoir avec des livraisons en permanence
  • Notre entreprise a donc dû s’adapter pour éviter l’encombrement et les nuisances sonores tout en garantissant des livraisons de manière professionnelle et sécurisée. Dans les villes, les véhicules de livraison s’échelonnent du vélo au poids lourd. Cette typologie différenciée de nos livraisons est nécessaire dans les villes où des places de parking ne sont pas prévues devant les commerces et dans des lieux de forte circulation. Dans le cadre du développement durable, notre entreprise s’est équipée d’un camion électrique de 10 tonnes, des achats d’autres véhicules électriques étant prévus pour cette année
  • Nouveau système de livraison et d’approvisionnement : À Lyon par exemple nous avons pris l’initiative de créer un hub-urbain. Notre plateforme pour livrer Lyon et ses environs se situe à 60 km du centre. Nous avons pris un dépôt en centre-ville d’environ 1200 m² qui accueille un gros-porteur. Ensuite une trentaine de clients en centre-ville sont livrés avec trois petits camions, qui à terme pourraient être électriques

Les moyens de livraison et d’approvisionnement doivent être pris en compte dans la réflexion locale du centre-ville :

Le groupe France Boissons déplore de ne pas être suffisamment inclus dans les décisions des élus locaux à propos de l’aménagement de l’espace public. Il ne faut pas oublier que le centre-ville est le cœur de la ville mais que nous en sommes les artères. Le groupe aimerait être autour des tables décisionnelles comme aux commissions départementales d’aménagement. France Boissons présente plusieurs arguments en faveur de cette inclusion :

  • Si les sujets ne sont pas traités en amont ou en parallèle avec des groupes de livraison tel que le nôtre, des solutions d’adaptation doivent venir par la suite réparer les défaillances ou compléter les manques. Néanmoins, ces solutions sont loin d’être suffisantes et ont un coût économique pour les acteurs. Cela oblige les entreprises d’approvisionnement à faire de la veille auprès de chaque ville?
  • Les collectivités doivent embaucher des experts pour travailler sur les flux et l’aménagement des flux de commerce afin d’aider les communes à travailler leurs plans d’aménagements futurs. L’intégration des flux en amont des réflexions d’aménagement doit prendre de l’ampleur pour éviter un aménagement dogmatique. La piétonisation d’un espace en centre-ville est favorable à son attractivité et à sa fréquentation mais il faut aussi aménager des espaces ou des moyens pour approvisionner les commerces, les bars et les restaurants. L’esthétique d’un centre-ville doit être également efficace. En somme, il faut qu’il y ait une réflexion globale sur la livraison en prenant en compte toutes les formes de livraisons. L’obstacle économique est bien souvent un argument qui freine les communes à ne pas aménager des espaces de livraison ou des parkings
  • Des associations qui défendent une gestion des flux en centre-ville existent déjà donc les pouvoirs publics pourraient s’appuyer dessus pour des recommandations ou des conseils

D’autre part, France Boissons pourrait être un collaborateur pour les communes en terme de développement durable car depuis plus de 20 ans, une boucle retour s’effectue pour sortir les fûts de bière et les bouteilles vides du centre-ville. L’entreprise est un expert en économie circulaire. C’était un défi qui existait avant la crise du COVID-19, mais qui va s’accentuer pendant ce déconfinement et sur le long terme. Nous aimerions mettre à disposition notre outil industriel de l’économie marchande pour demain être capable de faire des CHR un lieu de collecte et pourquoi pas de l’élargir à l’écosystème cœur de ville ou urbain en collaboration avec les collectivités. Autrement dit, nous pourrions ressortir des choses du centre-ville voire mutualiser la sortie d’emballages et de déchets avec les acteurs locaux

Une forme d’organisation est nécessaire et urgente aujourd’hui car ces sujets qui préexistaient à la crise du COVID-19 vont être exacerbés après la crise notamment avec des flux de livraison en tous sens qui se sont intensifiés pendant le confinement.

France boissons face à la crise sanitaire :

L’entreprise réfléchit actuellement sur un moyen d’acheminer le matériel nécessaire aux gestes barrières (des masques, des gants…) en centre-ville. Le protocole de livraison doit être modifié pour assurer la sécurité sanitaire des salariés et des clients.

Questions/Réponses :

  • Comment voyez-vous la reprise des cafés qui aura probablement lieu autour du 15 juin ?

Dans certaines zones les bars et restaurants pourront rouvrir tandis que dans d’autres ils n’auront pas l’autorisation. Des règles seront certainement diffusées aux professionnels concernés. Mais l’arrêt des aides financières de l’État inquiète beaucoup ce secteur car ces activités ont besoin que ce soutien se poursuive encore quelques temps.

  • Avez-vous l’impression que certaines personnes aspirent à changer de travail ?

Il est évident qu’il y a une jeune génération qui est de plus en plus interrogative sur leur parcours professionnel et son aboutissement mais dans notre secteur nous avons observé très peu de réflexions de ce type. Cependant, avec le vécu du travail à distance, des réflexions sur de nouveau mode de fonctionnement et de collaboration en équipe vont émerger ; cela pourrait déboucher sur un fonctionnement plus efficace, moins coûteux (déplacements) et plus vertueux.

  • Est-ce qu’il y aura une adaptation de la demande ?

Les habitudes de consommation se modifient depuis un certain temps mais cette transformation s’est prononcée avec la crise. La demande pourrait se tourner vers des produits locaux et d’origine France. En tant que distributeur il va falloir adapter notre offre pour qu’elle soit à la fois bio, locale et moins chère. Selon nous, l’enjeu pour les élus locaux est de créer des commerces locaux, dont les prix resteraient abordables, pour se distinguer des gros centres commerciaux des grandes villes.