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LAET – Mathieu Gardrat

Mathieu Gardrat, ingénieur de recherche au sein du Laboratoire Aménagement Économie Transports (LAET) au CNRS

Mathieu Gadrat -2

Monsieur Mathieu Gardrat est ingénieur de recherche dans ce laboratoire et nous a donné son point de vue sur la livraison aux particuliers qui s’est développée lors du confinement car elle a constitué une alternative efficace pour les commerçants qui font face à de multiples difficultés.

Le laboratoire Aménagement Économie Transports est spécialisé sur les questions de transports, mobilités et territoires et est rattaché à l’Université Lyon 2 et à l’école d’ingénieurs ENTPE.

Le LAET est chargé de :

  • Comprendre et modéliser la mobilité spatiale des personnes et des biens, en interaction avec les modes de vie, les localisations des résidences des ménages et des activités économiques
  • Analyser et évaluer les politiques publiques de transport et d’aménagement du territoire
  • Apporter des éclairages à la décision publique, en réponse aux enjeux actuels de la société.

Observations concernant l’utilisation de la livraison par les consommateurs :

Notre laboratoire a élaboré une enquête pour savoir quelles ont été les pratiques des ménages français durant ce confinement et notamment leurs modes de consommation. Bien que nous n’ayons pas encore des résultats concluants, notre équipe a pu remarquer des tendances générales. Ces conclusions se basent sur les résultats d’enquêtes précédentes :

En réponse à cette situation, les producteurs ont donc formé leurs propres logistiques et se sont regroupés pour vendre leurs produits afin de trouver des canaux de distribution complémentaires

  • Durant ce confinement, certains types d’activités ont connu une croissance grâce à la livraison malgré une baisse globale de la livraison
  • La proportion de la livraison à domicile a augmenté.

Avant le confinement, les modes de récupération étaient divisés en deux : 40% s’effectuait par le biais d’un point intermédiaire (points relais) et 60 % se faisait à domicile. La fermeture de nombreux points relais a provoqué un basculement des commandes et livraisons vers la livraison à domicile

  • Il y a eu un changement sur les modes d’approvisionnement en courses alimentaires.

Dans les achats à distance des ménages, les courses alimentaires représentent environ un tiers de leur consommation, soit des courses, soit des livraisons instantanées de repas. Pendant le confinement, les courses ont pris une place majoritaire dans ces pratiques

Ces constats sont dus à la reconfiguration ou à la fermeture des marchés alimentaires ainsi qu’à la fermeture des restaurants qui se fournissaient auprès des producteurs.

En réponse à cette situation, les producteurs ont donc créé leurs propres logistiques et se sont regroupés pour vendre leurs produits afin de trouver des canaux de distribution complémentaires (livraison, drives, fonctionnement mutualisé…). Avant la crise sanitaire, certains n’avaient pas le temps ou ne voyaient pas l’intérêt de le faire mais la situation a accéléré cette mutation. Notre laboratoire s’intéresse à cette la logistique des circuits courts alimentaires et se pose la question de savoir comment les pérenniser.

Questions/Réponses :

  • Dans le cas où la livraison pourrait être étendue à toutes les villes et villages, le prestataire pourrait augmenter le nombre de clients et donc mutualiser les moyens. Cette logistique permettrait de diminuer le coût de la livraison. Qu’en pensez-vous ?

Dans cette configuration, des forts volumes de livraisons sont extrêmement contraignants pour ceux dont ce n’est pas le métier, comme les producteurs et les petits commerçants. Il faudrait donc des prestataires capables de gérer toute la logistique que cela nécessite.

Paradoxalement, de nombreuses mesures visent à taxer le e-commerce, ce qui vise à faire prendre conscience aux gens que la livraison est par essence un service coûteux qu’ils doivent payer. Ce système est surtout valable pour de nombreuses plateformes telles que C-discount ou Amazon qui s’intègre dans une logistique globale et non locale.

Cependant, offrir des services supplémentaires a toujours une valeur pour les commerçants et les producteurs locaux et permet de révéler leur capacité à toucher la clientèle. C’est pourquoi dans la logique de circuit-court, la notion de livraison doit être mise en avant. Mais les circuits courts dépendent aussi des politiques publiques qui sont en train d’émerger actuellement, notamment relatives à l’autonomie alimentaire des métropoles et des villes. Aujourd’hui, l’autonomie alimentaire des villes est assez limitée car elle représente au mieux de 3 % à 5% dans la plupart des villes. Mais la métropole de Lyon veut par exemple augmenter ce pourcentage à 15 %.

En somme :

La livraison aux particuliers doit s’inscrire dans des logiques plus globales de gestion des flux et des livraisons au sein des villes, dans lesquelles la réglementation et l’aménagement jouent un rôle important. De cet échange entre Mathieu Gardrat et l’Association Centre-Ville en Mouvement est née l’idée de mettre en œuvre une enquête sur la livraison.

Vous pouvez participer à :

L’enquête auprès des établissements : https://framaforms.org/enquete-transport-de-marchandises-en-ville-covid19-1588064897

L’enquête auprès des ménages : https://framaforms.org/enquete-achats-decouples-des-menages-covid-19-1588085397

Site du laboratoire relatif aux marchandises en ville : http://tmv.laet.science/