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Michèle Lutz, Maire de la Ville de Mulhouse

Michèle Lutz, Maire de la Ville de Mulhouse

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Mulhouse, ville de 110 000 habitants – Région Grand Est

Le centre-ville de Mulhouse était en véritable déclin avant 2010, avec une faible fréquentation des commerces de centre-ville.

Pour redynamiser la ville, a été lancé le plan “Mulhouse Grand Centre” permettant de re-travailler sur l’attractivité du centre-ville.

C’est un plan d’envergure que nous avons achevé très récemment, il a consisté en la rénovation et ou le réaménagement d’un certain nombre d’espaces du centre-ville afin de redonner l’envie aux gens de le fréquenter, cela fut une vraie réussite.

Concernant le numérique, nous avons soutenu nos commerçants durant cette période. Il y a depuis de nombreuses années, et de façon régulière, plus d’ouvertures que de fermetures de commerces dans le centre-ville. Nos commerces sont à 75 % indépendants, c’est ce type de commerce qui est le plus en retard sur le numérique.

Le numérique représente une des solutions pour faire face au problème de la crise. Il était important de prendre du temps avec les commerçants pour faire le point et mettre en place les outils existants.

Nous avons donc créé le site monshopping-mulhouse.fr, qui n’est pas une MarketPlace mais une vitrine des offres que proposent les commerçants de Mulhouse.

La MarketPlace nécessite un investissement sur la durée, ce qui n’allait pas perdurer pour les commerçants de notre ville selon nous. L’inventaire numérique était indispensable pour faire le point, les commerces gardent donc leur propre outil de vente en ligne et ce site sert d’annuaire géant.

Nous avons également investi dans une action de vente de bons en ligne. Un système qui permet aux consommateurs d’acheter sur Internet des bons d’achat avec des réductions.

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En partenariat avec 2 banques, nous avons mis en vente un certain nombre de bons d’achat à dépenser dans les commerces adhérents de la plus importante association de commerçants de la ville. Pour chaque achat, la ville prenait en charge 10% du montant total, le client fait donc des économies et aide son commerçant préféré en reversant directement une partie de la cagnotte, par la même occasion.

Ce dispositif a été mis en place à partir de juin 2020, avec un budget de 1000 000 € :

  • 700 000 € de bon d’achat généré durant la 1ère phase de confinement
  • 450 000 € de bon d’achat généré pendant la deuxième phase en novembre 2020.

Avec les chambres consulaires nous avons décidé de réaliser des diagnostics digitaux, ce qui permet de savoir où le commerçant en est et lui permettre de le booster pour utiliser de plus en plus les outils numériques.

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Nous devions aussi accompagner les restaurateurs fermés. Nous avons décidé de créer une plate-forme qui s’appelle “Tous à table” proposant un plat signature de chaque restaurant de la ville. Les clients peuvent commander et venir les chercher en click and collect.

D’une autre manière, les libraires ont très vite installé ce système de click and collect ou même de livraison à domicile.

Les bibliothèques ont suivi cette adaptation au numérique en proposant des réservations à distance et et le conservatoire également en continuant à proposer ses cours en visio.

Avec les chambres consulaires nous avons décidé de réaliser des diagnostics digitaux, ce qui permet de savoir où le commerçant en est dans son utilisation des outils numériques. Les chambres de commerce et d’industrie ont été d’une grande aide dans cette période. Et nous voyons que beaucoup de commerçants ont adopté le numérique comme un bonus, un complément de leur activité traditionnelle.

Que pensez-vous de la digitalisation des centres villes ?

Le constat est le suivant : beaucoup de commerçants ont eu des difficultés à prendre le virage, certains n’ont même pas encore commencé la révolution digitale. Je souhaiterai que les commerçants continuent d’exercer en réel et pas que sur les plateformes. Il y a eu un engouement par rapport au commerce de proximité, c’était un acte citoyen d’aller chez le petit commerçant. C’est un acte solidaire mais il faut être réaliste, il fallait quand même s’adapter, la crise a duré et la vente à distance apparaissait comme la seule solution.

Les commerçants doivent trouver un équilibre. Ils peuvent se démarquer par rapport à la qualité : proposer une meilleure qualité pour faire concurrence aux services proposés en ligne.. Il faut réinventer sa façon de vendre et ne pas minimiser l’effet du digital. Le numérique va s’imposer à l’ensemble des commerçants Mais je ne pense pas qu’il remplacera pour autant le commerce de proximité.

Si on prend l’exemple du livre numérique qui n’a finalement pas convaincu, on remarque qu’il y a eu un engouement pour les libraires pendant le confinement, les gens avaient besoin de lire sur des livres en papier. Les libraires ont donc bien réagi et se sont adaptés à la livraison.

Comment imaginez-vous le centre-ville et le centre-ville en 2030 ?

J’aime bien cette question, je pense qu’il faut savoir y répondre. Il faut être optimiste, avec Mulhouse Grand Centre, on a l’exemple que faire revivre un centre-ville est possible. Il est important d’étendre tout cela aux quartiers. Je peux résumer ma pensée avec le principe de la ville du quart d’heure, c’est trouver ce dont on a besoin pour vivre à moins d’un quart d’heure de chez soi.

Il faut trouver des solutions pour avoir d’autres mobilités pour se déplacer, donner envie de venir facilement et spontanément dans les centres-villes. La mobilité est une question importante, avec la gratuité des transports. Je pense que nous gagnerons à étendre les zones de chalandise ce qui permettra de développer le petit commerce.

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Pour reparler de l’évolution positive du centre-ville de Mulhouse, comment avez-vous procédé à ce renouveau ?

Nous avons recruté un manager du commerce, qui est complètement dédié à l’animation des commerçants mais surtout un développeur d’enseignes. Il est allé chercher les commerçants pour s’installer à Mulhouse. Nous étions très présents aux salons nationaux. Je pense qu’ avoir quelqu’un qui fait de la prospection est indispensable.

Il y avait aussi une volonté politique de redonner de la dynamique en passant par l’urbanisme et le logement. L’idée était de mettre en place un contexte favorable aux déplacements dans le centre-ville : par exemple par la piétonisation de certaines rues, par du tarif de parking relativement bas… Sans oublier la nature, le verdissement et le décor. Nous avons fait un réel travail sur les terrasses qui sont très importantes dans la dynamisation du centre-ville. Nous avons pu constater cette année avec l’impossibilité de faire un marché de Noël, que les simples décors qui ont été mis en place pour donner une ambiance dans le centre-ville, ont beaucoup plu.

Il faut être créatif et inventif c’est ce qui plaît aux gens. Nous n’y sommes pas arrivés seuls: les associations de commerçants très dynamiques nous ont beaucoup aidés. C’est donc ce mélange qui nous a permis d’arriver à la ville de Mulhouse d’aujourd’hui.