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Gil Avérous, Maire de la Ville de Châteauroux

Gil Avérous, Maire de la Ville de Châteauroux

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Châteauroux, ville de 43 732 habitants – Indre – Région Centre-Val de Loire

Située à 2h30 de Paris, au sud de la région Centre-Val de Loire, Châteauroux, est une destination urbaine grandeur nature où se côtoient trésors médiévaux et modernes.

Aujourd’hui le numérique est devenu incontournable dans notre vie quotidienne.

Avez-vous le sentiment que vos administrés sont de plus en plus en demande d’aide concernant le numérique ? Si oui, comment votre ville vient-elle apporter son soutien pour cette aide au numérique ? Avez-vous le sentiment que cette démarche devient naturelle ?

Nos concitoyens sont très en demande de couverture téléphonique, encore imparfaite dans le département de l’Indre en zone rurale. Nous venons tout juste de mettre en place la couverture 5G à Châteauroux, nous sommes la deuxième ville après Orléans à l’avoir fait. Il y a une certaine attente et un besoin des habitants et des entreprises concernant cette accessibilité à Internet. Nous voulons un développement de très haut débit et un déploiement de hotspots Wifi dans les espaces publics. On veut insister sur les établissements d’enseignement pour permettre aux étudiants de bénéficier d’une connexion Internet à tout moment et à moindre coût.

Concernant les services de la mairie, il y a eu une dématérialisation avec la possibilité de faire des déclarations/demandes d’autorisation directement en ligne. La mairie de Châteauroux est passée au paiement en ligne des prestations : cantine, centre de loisirs… Cette dématérialisation suppose qu’on ait de l’accompagnement, on le voit notamment dans nos médiathèques où des tablettes pour avoir accès au fond patrimonial sont à disposition.

Cette aide est très importante et s’adapte en fonction des publics, que ce soit vis-à-vis de personnes très à l’aise avec le numérique ou de personnes beaucoup moins habiles, comme les personnes âgées. La mairie reste l’interlocuteur naturel si les habitants rencontrent un problème d’accès numérique.

Il faut donc être en capacité de les aider, peu importe le problème rencontré. La digitalisation devient un automatisme, les services publics doivent être impérativement tournés vers cela. Concernant l’élection qui arrive, les habitants ont déjà des réflexes en me disant qu’il serait pratique de voter à distance. Il pourrait y avoir par exemple des machines de vote automatique qui facilitent l’opération.

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Pour les commerçants et artisans, la vente en ligne, le click & collect apparaissent pour certains comme une obligation. Nous connaissons les difficultés que peut engendrer cette transition vers le numérique. Que pensez-vous de cette situation qui s’est accélérée avec la crise ?

Il y a eu deux phases :

1) Celle du 1er confinement entraînant la fermeture des commerces. La réaction a été différente selon les profils des commerçants. Les plus jeunes se sont lancés rapidement sur les réseaux sociaux en proposant une communication et, pour les plus à l’aise, du click and collect. Les commerçants plus âgés, moins doués avec la technologie, sont restés en marge.

2) Celle du 2ème confinement où beaucoup se sont réveillés. Certains se sont aperçus que ce qui semblait éphémère devait durer et qu’il fallait y faire face. L’objectif était de créer un lien durable avec les consommateurs, un lien qui ne soit pas seulement physique, celui-ci n’étant plus momentanément possible.

Le problème était qu’il fallait s’adapter sans savoir-faire, les commerçants, qui étaient habitués à une relation physique avec le client, devaient développer d’autres capacités. Beaucoup de sociétés proposaient des solutions pour faire face à ce problème mais parmi tous les outils numériques, ils ne savaient pas quoi choisir.

Le budget pour les aider, qui était de base à 10 000 euros, a été doublé. Cela a permis notamment la création d’une Marketplace leur donnant la possibilité de poursuivre leur activité en plein confinement.

Cependant, ce genre d’outils nécessite un réel investissement de la part du commerçant. Dans le cadre du plan France Relance et des médiateurs numériques, nous avons souhaité avoir trois médiateurs qui vont travailler uniquement pour l’association des commerçants.

Leur rôle sera de passer de boutique en boutique afin d’aider la vente des produits sur la Marketplace : les prendre en photo, les décrire, publier, vérifier le stock…

Cet outil ne remplace pas le commerce physique mais peut être une solution sur le long terme : l’habitant qui n’a pas eu le temps de faire ses courses peut utiliser cette solution, c’est un bonus pour le commerçant.

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Certains secteurs sont-ils plus aidés que d’autres en matière de numérique ?

Plusieurs secteurs sont en effet concernés. Tout d’abord la restauration. Il existait déjà beaucoup de services de livraison de repas, beaucoup de commerçants se sont lancés. Ces outils ont généré 25 % de chiffre d’affaires supplémentaires pour les restaurateurs. D’autres utilisent des moyens différents pour livrer, autres que Uber eats, Deliveroo… tels que Facebook ou encore les réservations en ligne puis Click&Collect.

Le secteur de l’équipement s’est également bien adapté à la crise, porté par la jeune génération d’entrepreneurs qui se sont installés dans notre ville. On peut aussi citer le secteur du bien-être.

À l’inverse, le secteur de l’équipement de la personne, tel que l’habillement, a eu beaucoup de mal à s’adapter du fait de ne pas pouvoir essayer et de ne pas voir les produits.

Le rôle des médiateurs numériques sera de passer de boutique en boutique afin d’aider la vente des produits sur la Marketplace : les prendre en photo, les décrire, publier, vérifier le stock…

Nous parlons beaucoup des datas.

Que représentent pour vous ces Open Datas ? Quels sont les autres sujets qui vous paraissent importants à aborder lorsque l’on parle de la numérisation (notamment du commerce et des centres-villes) ?

Les communes de plus de 3500 habitants avec la loi pour une République numérique de 2016, ont l’obligation de prendre en compte les données. Depuis 2018, il existe un site : chateauroux–data.gouv.fr qui récolte les données relatives à la ville de Châteauroux et ses alentours. Très peu de villes ont pris au sérieux le sujet de la data : seulement 10 à 12 %. Je pense que les informations représentent une richesse, ce qui explique la peur des gens d’en donner.

À Châteauroux, nous travaillons avec les données des usagers du centre-ville. Elles permettent de savoir combien de personnes se trouvent dans les rues du centre, leurs habitudes, leurs horaires, leur provenance. Nous avons renouvelé l’abonnement pour deux ans car la récolte des données est d’une grande aide pour nos commerçants.

Nous pouvons savoir où nos consommateurs travaillent mais aussi leur tranche de revenus. Nous apprenons même que certains mois, qui nous semblaient peu attractifs, sont en réalité des périodes de haute affluence. Les commerçants sont donc au courant de la réalité sur la présence des consommateurs en centre-ville. Un comptage permanent 24h/24 qui est très fiable.

Nous avons recruté un manager du commerce pour l’association des commerçants qui gère le système des données et permet de faire le lien avec les commerçants.

Comment voyez-vous le centre-ville en 2030 ?

Je le vois avec des modes de consommation qui changent :

  • manger local ;
  • réduire les déplacements ;
  • évolution du commerce traditionnel avec des concept stores

Il sera préférable pour les commerces notamment de l’habillement, de s’adapter en proposant d’autres services, avec des salons de thé dans le même espace.

Les grandes enseignes se réapproprient les espaces en grande périphérie. Pour l’ameublement, il serait intéressant de pouvoir se rendre en centre-ville dans un espace de showroom pour voir et commander les produits, pour ensuite les recevoir chez soi quelques heures plus tard.

Les déplacements se feront essentiellement à vélo et à pied. La livraison par drones va se développer avec des casiers pour pouvoir venir récupérer nos commandes. Il y aura toujours des contacts humains, mais différents, et ce n’en sera pas moins agréable.