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CGAD

Joël Mauvigney, Président, CGAD ; Véronique Gaulon, Présidente Commission Communication de la CGAD

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La Confédération Générale de l’Alimentation en Détail intègre 18 fédérations (bouchers, boulangers, chocolatiers, restauration…). Elle représente 1,2 million d’actifs, 72.000 apprentis formés tous les ans.

La crise a permis un retour vers la qualité du produit, vers le lien social.

La crise que nous traversons a montré un phénomène d’accélération du développement numérique. Vous qui fédérez des entreprises alimentaires de proximité, quel est votre regard vis à vis de la situation ?

Pendant la pandémie, de nombreux français sont passés à l’achat à domicile. Le numérique semble aujourd’hui inévitable, mais il concerne différents plans. Il peut aussi bien concerner la vitrine en ligne sur le site internet de l’entreprise que la vente en ligne.

  • Depuis le début de la crise sanitaire, les artisans et commerçants alimentaires n’ont pas fermé leur entreprise pour la grande majorité sauf lorsqu’ils exerçaient sur marché durant le premier confinement.
  • Face aux demandes de certains clients qui craignaient de sortir, certains professionnels ont développé la vente en ligne. Mais elle exige de la logistique, les petites entreprises ne peuvent pas dédier une personne à ce service, ni dédier une personne à la livraison des produits.

Bercy a dégagé des millions d’euros dans la reconversion numérique. Mais comment appliquer cela aux petits commerces ? Les fonds des régions ne sont utilisés qu’à hauteur de 30 %, faute de formation numérique. Il y a une action de sensibilisation forte qui doit être opérée.

La réouverture du secteur de la restauration va être difficile en termes de rentabilité. Les restaurants et les bars en sont à 10 mois de fermeture depuis mars 2020. Ils connaîtront une jauge de 50 % sur les terrasses, ce qui pose des problèmes de rentabilité. Le couvre-feu à 21 heures limitera considérablement le temps que passeront les français au restaurant et sur les terrasses.

Les ventes à emporter représentent moins de 10 % du chiffre d’affaires des commerces alimentaires et des restaurants, pourtant la vente à emporter demande une quantité de travail supplémentaire. Beaucoup ont arrêté ce service au bout de quelques semaines, faute de rentabilité.

Les restaurateurs ont mené des opérations spéciales de ventes de plats pour la fin d’année : Noël, la Saint-Valentin, Pâques… qui ont bien marché auprès des clients. Mais on peut s’interroger sur la pérennisation de ces opérations si les restrictions continuent.

Les réseaux sociaux ont occupé une place importante durant l’année 2020 et sur ce début d’année 2021. Ils permettent de maintenir ce lien si précieux avec les clients. Les commerçants ont pu prendre du temps pour se former au numérique pendant cette période.

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Avez-vous l’impression que les consommateurs commandent beaucoup plus internet ?

La vente à emporter dans la restauration s’est développée, ce qui vient d’une demande des consommateurs. Au second confinement, beaucoup se sont mis à commander, car ils avaient envie de bien manger, de se faire plaisir.

Le Click & Collect demeure néanmoins un autre métier. Tout doit être prêt avant midi ; ce qui est impossible à réaliser en même temps que la restauration en salle. De plus, 90 % des entreprises en restauration ont moins de 10 salariés. Il est donc très complexe de faire les deux à la fois.

Après la crise, il n’y aura sans doute pas autant de demande de vente à emporter. Les clients aiment les restaurants, sortir de chez eux, entrer dans un cadre de convivialité. Il y aura certainement un renouveau de la convivialité traditionnelle après la pandémie.

Les informations concernant les commerces sur internet vous semblent-elles suffisantes ?

Quand le client arrive dans une ville, il doit pouvoir trouver facilement ces informations. Il faut plus d’uniformité et une plus grande lisibilité. Les villes ont toute leur importance dans le processus centralisation des informations, en renvoyant vers les sites des commerçants, en donnant la liste sectorielle des commerçants… Elles offriraient un service qui ne demanderait pas des frais exorbitants. Dans le privé, les plateformes peuvent exiger des commissions qui vont jusqu’à 30 à 35 %.

Les commerçants doivent travailler à uniformiser la réservation et à organiser les livraisons, via des plateformes numériques. Ces plateformes pourraient avoir toute leur place dans le plan de relance. Une autre piste pour les livraisons serait d’embaucher un livreur salarié, partagé entre plusieurs commerces et restaurateurs.

Certains effets d’internet sont par ailleurs à prendre avec du recul. Par exemple, les sites d’avis en ligne représentent un fléau, car on peut y acheter des avis positifs et des avis négatifs. Heureusement, les clients vont les regarder en ayant conscience qu’ils doivent se faire leur propre avis et ils sont aussi critiques envers ces sites.

Comment imaginez-vous le centre-ville et le monde commerçant de demain, d’ici 2030 ?

En 2030, le tout numérique n’existera pas dans notre secteur. Les Français ont pris conscience qu’ils ont besoin de l’accueil, de la relation humaine, de la traçabilité, de la proximité, du conseil. Le prix passe après. La crise a permis un retour vers la qualité du produit, vers le lien social. Ce retour va permettre aux restaurateurs et aux petits commerçants de rebondir.

Propositions :

  • Utiliser l’argent du plan de relance pour créer des plateformes locales de commerçants
  • Favoriser l’embauche de livreurs salariés, partagés entre plusieurs entreprises