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Cdiscount, Groupe Casino

Cécile Barateau, Directrice adjointe des Relations extérieures, Cdiscount

25.01.2018.ceser_.8504-2-scaled

Cdiscount est un e-commerçant français créé il y a 23 ans à Bordeaux, qui a rapidement intégré le groupe Casino.

Il y a quelques années, nous avons ouvert une Marketplace qui a totalement changé notre modèle de base, Cdiscount est devenu une entreprise technologique. Elle regroupe environ 13000 vendeurs, dont une majorité de TPE et PME, plus de 100 millions de produits et 23M de visiteurs uniques par mois, soit un tiers de la population française…

Cdiscount est aujourd’hui le leader français du e-commerce.

Cdiscount fait partie des grosses plateformes Made in France.

Depuis le début de la crise, avez-vous ressenti un engouement pour la vente en ligne ? Quels sont les secteurs d’achat dont la part de marché augmente de façon plus importante ?

Avec la crise, les Français se sont tournés vers le e-commerce et ont pris des habitudes de commande en ligne. L’audience a augmenté, on a constaté une demande différente selon les différents confinements. Au début de la crise, il y a d’abord eu les équipements pour travailler à la maison mais aussi les jouets pour les enfants afin de les occuper (de nombreuses personnes étant en télé-travail).

Il y a cependant des secteurs qui ont fortement chuté, tels que la mode, l’ameublement et le voyage.

Pendant le deuxième confinement, c’était surtout l’ameublement pour la maison et le jardin qui ont eu du succès : les Français se sont occupés de leur foyer.

Pour vous, quel est le bon équilibre entre le commerce physique et le commerce digital ?

Cdiscount est un Pure player, nous n’avons pas de réseau de vente physique mais nous faisons partie d’un groupe de distributeurs physiques, nous croyons en la complémentarité de ces modes de commerce. Nous avons d’ailleurs développé des corners dans des magasins Géants Casino. Nous avions réfléchi au retrait direct en magasin pour les vendeurs tiers plusieurs années avant la crise mais nous n’avions pas senti d’engouement, ce qui est revenu depuis le début de la crise via le Click and Collect.

Je pense qu’aujourd’hui les consommateurs usent à la fois du commerce physique et du digital, même si le e-commerce a été plus important durant la crise. On ne recherche pas la même chose dans les deux cas, nous avons besoin des deux, le commerce physique nous apporte du lien social qui est indispensable.

Le e-commerce apporte de la souplesse mais aussi beaucoup d’information sur les produits : au début du e-commerce, les consommateurs n’étaient pas à l’aise avec la vente en ligne, depuis le secteur a été régulé et l’information du consommateur renforcée.

Au niveau des différences d’utilisation du numérique, il y a une forte appétence chez les plus jeunes mais finalement tout le monde s’intéresse au numérique. Le e-commerce peut d’ailleurs être un recours très utile dans les territoires ruraux, qui ne sont pas toujours correctement couverts par les réseaux de distribution physique.

Les clients de Cdiscount sont à plus de 80% âgés de 25 à 64 ans et à plus de 53% des hommes. 27% résident dans de très grandes villes (+ d’1M d’habitants), 35% dans les villes moyennes et 38% dans les zones péri-urbaines et rurales.

Cdiscount a permis via sa plateforme que les commerces de proximité puissent gratuitement vendre leurs produits en ligne. Le dispositif a-t-il porté ses fruits ?

Lors de la première vague, nous avions mis en place des tarifs préférentiels pour les commerçants, on avait trouvé le moyen de mettre en place une deuxième fois le click and collect mais le dispositif a été créé dans l’urgence et n’avait pas assez de visibilité. Pendant la deuxième vague, il y a eu une mobilisation très forte à tous les niveaux de l’entreprise pour mettre en place une interface par ville pleinement intégrée à la plateforme, pour aider chaque client à retrouver ses commerçants de proximité. Cdiscount fait partie de l’écosystème français, on avait la possibilité d’aider et c’était même pour nous une responsabilité. C’est là que Cdiscount a contacté Centre-ville en Mouvement.

On a eu un certain afflux de demandes de commerçants pour rejoindre la plateforme, nous avons accompagné une population totalement différente de celle de d’habitude, des gens plein d’envie mais dont certains n’avaient pas de culture digitale et qui avaient besoin d’être accompagnés pas à pas. Une équipe spécialisée a été dédiée à cet accompagnement, et des contenus pédagogiques ont été mis à leur disposition. Avec son audience de 23M de visiteurs uniques par mois, Cdiscount a notamment permis d’offrir une visibilité que beaucoup de plateformes n’ont pas et sans avoir à créer de site. Cela demande cependant un investissement de temps de la part des commerçants, de catégorisation et de mise en ligne.

C’est pour cela que l’on a ouvert ce tarif (abonnement gratuit, 0% de commission pour les ventes en Click & Collect, -50% sur les commissions des commandes expédiées, sans engagement), pour 6 mois, pour laisser le temps à chaque commerçant de s’investir dans la démarche.

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On s’est aussi associé avec des agences digitales et des intégrateurs, qui peuvent réaliser un diagnostic digital et aider à créer un site ou un catalogue produit. Le but n’est pas d’enfermer les commerçants sur la plateforme de Cdiscount, ils doivent avoir le choix de digitaliser leur offre seul avec leur propre site ou sur une plateforme (chez Cdiscount par exemple), ou de multiplier les canaux. Créer un catalogue prend du temps, il est plus intéressant de pouvoir l’utiliser sur plusieurs plateformes afin de gagner en visibilité. C’est ce que permettent les intégrateurs.

Il ne faut pas négliger l’effet Covid, beaucoup de commerçants débutent dans le digital mais par nécessité. Il y a eu énormément de création de plateformes locales mais certains commerçants se disent que ce n’est plus la peine car ils vont rouvrir à la fin de la crise sanitaire. C’est extrêmement difficile de toucher ces commerçants, dont beaucoup n’envisagent pas la digitalisation comme un réel atout pour l’avenir de leur activité. C’est un enjeu central, pour lequel l’action des relais institutionnels est indispensable.

C’est extrêmement difficile de toucher les commerçants, dont beaucoup n’envisagent pas la digitalisation comme un réel atout pour l’avenir de leur activité. C’est un enjeu central, pour lequel l’action des relais institutionnels est indispensable.

Cdiscount a gagné de nouveaux clients mais nous restons persuadés que personne ne peut se passer du physique. La souplesse, jongler avec ces deux possibilités, c’est le mot. Le digital c’est une possibilité d’améliorer notre agenda, en réservant des plages pour aller au centre-ville. Les nouvelles habitudes d’achat en ligne ne vont pas disparaître, en même temps l’envie et le besoin d’aller faire ses courses en centre-ville pour le plaisir et le lien social restent : la complémentarité des modes de commerce est devenue une évidence.

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Est-ce que ça vous aide d’être un acteur “Made in France” ?

Nous avions créé une rubrique Made in France avant la crise : on a proposé aux vendeurs et aux fournisseurs dont les produits correspondent à notre charte du Made in France (dont les conditions sont plus exigeantes que celle de la définition douanière du « fabriqué en France ») de bénéficier d’une visibilité supplémentaire avec cette page dédiée. Elle a eu beaucoup de succès à l’automne, quand les gens ont voulu marquer leur soutien aux commerçants.

Depuis, nous avons réalisé un partenariat avec la Nouvelle-Aquitaine. Suite à l’annulation du salon pour promouvoir les entreprises de la région, nous voulions apporter notre soutien en créant une vitrine dédiée pour pallier ce problème, avec à nouveau des tarifs préférentiels.

Aujourd’hui il est possible de sélectionner les produits par savoir-faire régional sur la page Made in France de Cdiscount.

Comment imaginez-vous nos centres-villes et le monde commerçant à l’horizon 2030 ?

Je pense que le centre-ville sera une véritable expérience, que les gens viendront par plaisir. Il faut bien sûr prendre en compte l’accessibilité pour tous, les clients comme les professionnels de la logistique, avec le moins d’impact carbone possible. Il créera des moments de partage et de plaisir. Les gens ont besoin de se retrouver.