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Fédération des Fromagers de France

Claude Maret, Président de la Fédération des Fromagers de France – David Bazergue, Directeur Général de la Fédération des Fromagers de France

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La Fédération des Fromagers de France est l’organisation professionnelle qui représente les 3 200 crémiers-fromagers exerçant en boutique et sur marchés. Par ses actions, la fédération contribue à rassembler et promouvoir la profession auprès des pouvoirs publics, des représentants de la filière et des consommateurs. Les fromagers sont pour moitié présents sur les marchés et pour l’autre moitié installés dans des boutiques.

Le centre-ville doit être une fête, on y va par plaisir pour voir une ville propre et vivante !

Depuis le début de la crise sanitaire, avez-vous eu l’impression que vos adhérents vous ont sollicité de façon plus importante en matière de numérique ?

Le numérique a été mis en avant, le plus flagrant, c’est l’engouement autour du chèque numérique de 500 euros proposé par le gouvernement. Concernant seulement les TPE, on peut noter l’effet de la « petite carotte » qui a motivé certains fromagers à aller vers le numérique.

Aujourd’hui nous parlons de beaucoup de numérisation du commerce, avez-vous le sentiment que les fromagers utilisent de plus en plus souvent les moyens numériques ? Click and collect ? Réseaux sociaux ? Vente en ligne ?

Nous avons réalisé une étude fin 2020 sur une base de 375 fromagers. En voici quelques chiffres :

Utilisation des réseaux sociaux

78%

Possède un site vitrine

51%

Utilisation Click&Collect / vente en ligne

25%

Les sociétés qui vendent leurs services de mise en relation et de livraison du consommateur par exemple, prennent une trop grosse commission sur les ventes réalisées. Une marge que les fromagers ne possèdent pas, ils sont dans l’incapacité de faire appel à eux. Il faudrait une solution qui allie le juste prix pour les commerçants mais aussi la cohérence des marchés.

La vente en ligne est une activité complémentaire mais qui ne permet pas de traiter les différents marchés que les fromagers font dans différentes villes. De plus, la plupart des commerçants ne font pas de ventes à longue distance, faute de moyens et de notoriété. Certains commerçants possèdent des connaissances en numérique que d’autres n’ont pas.

De plus, les abonnements en livraison types box ne marchent pas pour le cas du fromage, qui est un produit dont les envies des consommateurs sont souvent aléatoires.

Il existe une réelle différence entre les commerçants en magasin et ceux en marché, ceux qui bénéficient d’un point de vente fixe ont à 57 % un site internet contrairement aux commerçants non sédentaires qui à hauteur de 28 % en possèdent un.

Le chiffre d’affaires des fromagers peut atteindre une progression de 20% sur les marchés, confinement et fermeture des restaurants ont augmenté le fait de cuisiner à la maison. Il y a de plus en plus d’implantation de fromagers dans des moyennes et petites villes, avec une connaissance réelle en numérique. Il est nécessaire de faire un inventaire sur le numérique pour s’assurer que la plupart des commerçants possèdent des équipements numériques indispensables.

La Fédération des Fromagers de France comptabilise bientôt 3400 entreprises (magasins et marchés) tandis qu’elle dénombrait uniquement 2800 fromagers il y a 8 ans.

Est-ce que le numérique fait l’objet de cours dans votre formation ?

La fédération ne propose pas de formations spéciales sur le numérique mais relaie un grand nombre de webinars sur le sujet, des professionnels parlent sur ce sujet. Nous travaillons sur la communication des adhérents pour avoir au moins un site. L’objectif est que 80 % de commerçants soient équipés de ce genre d’outil numérique. Les formations rassemblant différents types de fromagers avec différents niveaux de connaissance en numérique, de clientèle et de distribution ne sont pas pertinentes.

Comment voyez-vous la numérisation de nos centres villes, la livraison, le Click & Collect ? Comment appréhendez-vous l’évolution du numérique ?

Quelques chiffres parlants de notre étude :

52% de nos commerçants proposent de nouveaux services, 58% dans les communes, 83% proposent occasionnellement des services de livraison de proximité à leurs clients, 34% utilisent le Click & Collect et 84 % souhaitent pérenniser ces services.

Il a fallu adapter les moyens de livraison, le digital est un complément qui permet de faire connaître le commerce, d’avoir un aspect pratique avec certaines informations et pour commander bien sûr. Mais, il est important de ne pas oublier le côté humain, avec le conseil en physique qui reste indispensable à la relation client.

Le numérique peut-il aider sur autre chose ? Sécurité alimentaire et gestion ?

Le numérique est une adaptation mais n’est pas une solution miracle.

Bien sûr, pour la gestion des stocks et la traçabilité. Nous sommes actuellement sur un projet qui devrait sortir en septembre prochain, la mise en place d’une application de gestion de stock, de température et de traçabilité.

Nous avons élaboré un cahier des charges, le concept est simple : une application gratuite, disponible pour nos adhérents, qui sera disponible via le site Internet ou sur tablette et smartphone. C’est une aide quotidienne, aussi que pour les contrôles et les obligations réglementaires. Les chiffres seront disponibles pour s’assurer du bon respect des normes d’hygiène. Cela apportera de la sérénité aux commerçants et aux clients. Ça servira surtout pour les TPE, qui n’ont pas forcément de moyens et de temps. Le numérique sert à faciliter le lien avec le client et aide dans la gestion de l’entreprise.

Le numérique doit être pensé au niveau d’une ville et d’un quartier, pour le proposer à chaque commerçant, ce qui permet de créer du lien et d’ouvrir un portail numérique aux habitants, comme un site dynamique qui regroupe les offres physiques du centre-ville.

Il pourrait y avoir un intérêt à créer des forums collaboratifs pour s’entraider sur le développement du numérique, partager sur le suivi des nouveaux outils numériques. Il faut créer du lien entre les organisations professionnelles, parler avec les fédérations qui ont une vue plus générale sur le sujet.

Il faut aussi évoquer l’avant numérisation. Durant le premier confinement, les activités de marché n’étaient pas autorisées: il y avait deux types de commerçants, ceux qui avaient un fichier clients complet et ceux qui n’en avaient pas. Avant de penser à l’outil numérique, il faut s’assurer d’avoir un fichier client complet pour être réactif dans des situations comme celle de la Covid. Les entreprises avaient sous-estimé cette partie.

Comment maintenir l’engouement pour le centre-ville ?

Les gens sont sensibles à la proximité, les centres-villes doivent s’améliorer avec le numérique mais aussi dans l’accessibilité. Les fromageries sont plébiscitées, ce qui est positif pour la dynamisation du centre-ville. Beaucoup veulent quitter Paris, surtout pour des raisons de propreté et d’accessibilité. Il ne faut surtout pas oublier ces deux points.

Selon notre enquête, 96 % de nos commerçants croient en l’avenir de leur activité, idem pour celle des crémiers fromagers. Il y a 4 ans la fédération comptabilisait 3000 salariés, maintenant on parle de 5000 salariés. Cette augmentation est due à la multiplication des effectifs et aux nombreuses ouvertures de points de vente.

Comment imaginez-vous le centre-ville et les commerçants en 2030 ?

Le centre-ville doit être une fête, on y va par plaisir pour voir une ville propre et vivante. Le simple fait de peindre les maisons peut changer l’atmosphère, sans parler d’organisation d’animations, de présence de rues piétonnes et d’accessibilité.