MENU FERMER

Audition de la Banque des Territoires

Michel-François Delannoy, Directeur du Département Appui aux Territoires, Banque des Territoires

FrancoisDelannoy

Michel-François Delannoy, Directeur du Département Appui aux Territoires, Banque des Territoires

La Banque des Territoires déploie beaucoup de moyens pour aider à la numérisation des centres-villes. Comment envisagez-vous le numérique aujourd’hui ?

Je pense que cette crise comme toutes les autres crises a accéléré des transformations. Face à l’impossibilité de voir ses clients en physique, les commerçants et les artisans ont dû trouver de nouveaux moyens pour s’adapter à la situation. Le numérique a été un de ces moyens. Il a ses limites car il ne comprend pas le conseil, le contact et le lien qu’un commerçant entretient avec ses consommateurs. En ce qui concerne le commerce, comme pour d’autres domaines, le numérique est un moyen mais je ne pense pas que cela soit une fin en soi.

Vous avez mis en place un plan de financement pour que les collectivités puissent avoir des conseillers numériques. En quelques mots, que pouvez-vous nous dire de cette initiative ?

L’État nous a confié la mission de développer des conseillers numériques de façon à faciliter la transition numérique sur tout le territoire. Nous avons la mission de mettre en place ces conseillers, de les former et de les déployer sur le territoire français.

Ces conseillers numériques seront au nombre de 4000 et auront pour but d’accompagner les citoyens et les collectivités dans la transition numérique.

Nous avons deux types de conseillers numériques :

  • accompagnement des citoyens ;
  • accompagnement des commerçants, artisans et acteurs du commerce de proximité pour qui cette transformation est bien plus compliquée ;
  • Ce programme s’adresse plutôt aux collectivités de taille moyenne et aux petites villes car ce sont généralement celles qui ont le plus besoin de soutien mais il peut y avoir des conseillers sur différents types de territoires.
illus_conseillerenumerique_femme-et-ordi

Vous êtes aujourd’hui associé aux programmes Action Coeur de Ville et Petites Villes de demain. Quels sont les bons outils à déployer pour le dynamisme de ces cœurs de villes?

Il ne faut pas minimiser le facteur des infrastructures qui délivrent du débit. Ces infrastructures sont une condition de la transformation digitale. Sans l’accès à internet, le numérique ne peut pas se développer. Certains territoires sont encore mal desservis en débit, il est donc vital d’améliorer ce point pour que tout le monde puisse avancer en même temps. Les territoires doivent prendre en compte les besoins de la population pour apporter une réponse efficace à ces besoins.

Nous parlons également beaucoup de l’Open Data comme outil pour conforter et aider les collectivités dans leurs prises de décisions. Qu’en pensez-vous ?

L’utilisation des Datas est encore très limitée dans la plupart des collectivités même s’ il y a des exceptions. Nous avons encore du mal à gérer ces nombreuses données, à considérer leur valeur et à savoir sur quelles données s’appuyer.

Les collectivités peuvent être accompagnées dans cette gestion des datas mais doivent prendre conscience qu’elles génèrent aussi des données. Elles doivent apprendre à collecter ces données afin de les croiser entre elles pour permettre une prise de décision plus efficace.

L’année dernière, nous avons fait un appel à projet avec Open Data France, et nous avions eu plus de réponses que ce que nous attendions, signe de la prise de conscience au niveau de nos villes. Nous avons aussi pu remarquer qu’entre un quart et un tiers des villes se sont emparées de l’outil gratuit Dataviz (outil de visualisation de l’évolution de flux qui permet d’aider une prise de décision optimale). Il est nécessaire d’accompagner les collectivités dans ce processus car ce projet est disponible pour toutes les villes d’Action Cœur de Ville et pour les Petites Villes de Demain.

Comment imaginez-vous les centres-villes et le monde commerçant en 2030 ?

Le monde du commerce est en pleine mutation, sans savoir quel est le point d’arrivée de cette transformation. Une partie de l’activité doit organiser la façon dont le produit vient vers le client. Cette révolution n’est pas achevée, on se rend bien compte que les livraisons sont en train de bousculer la gestion des flux en centres-villes.

Il y a un besoin de proximité révélé par la crise. Le cœur de ville fabrique ce lien social dont nous avons tant besoin pour créer la cohésion sociale. Selon moi, d’ici 2030, les centres-villes seront beaucoup moins étendus qu’avant mais seront plus concentrés avec un développement des activités de commerce liés au conseil, l’expérience, la qualité mais aussi la culture et le patrimoine.

Aujourd’hui, les commerces ont besoin de moins en moins d’espace pour rendre de plus en plus de services. Nous sommes dans une période très stimulante car elle nous impose d’inventer de nouveaux formats.

La question écologique sera aussi impérative, c’est une question de qualité de vie. Il faut réapprendre à cohabiter avec la nature et à la réintégrer dans nos cœurs de ville. Les acteurs de la ville ont conscience de cette problématique mais ne sont pas encore dans le passage à l’acte de cette transformation écologique.

Le monde du commerce est en pleine mutation, sans savoir véritablement quel est le point d’arrivée de cette transformation.