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Agence Nationale de la Cohésion des Territoires

Laurent Rojey, Directeur général délégué Numérique, ANCT

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Je pilote les actions en faveur du numérique et des territoires à l’Agence nationale de la Cohésion des Territoires (ANCT). On travaille notamment sur la généralisation du Très haut débit fixe et mobile.

Ensuite, pour tous les territoires, il y a un réel enjeu concernant l’inclusion numérique. Enfin, il y a toutes les opportunités offertes par le numérique, au travers des tiers lieux ou des outils numériques… Il faut pouvoir répondre à un besoin des collectivités territoriales sur tous les points, nos territoires étant en ce moment même, en pleine transition numérique.

Le numérique fait partie intégrante de notre quotidien. Avec la crise que nous traversons, son développement s’est accéléré de façon considérable pour nos centres-villes et nos commerces. Le gouvernement et l’État investissent beaucoup dans ce domaine. On observe le déploiement de conseillers numériques.

Qui peut en bénéficier ? Combien de collectivités seront bénéficiaires de ce dispositif ?

La crise sanitaire a mis en exergue la place du numérique dans le commerce mais aussi dans tous les services du quotidien, qu’il s’agisse du télétravail, des démarches administratives ou de la télémédecine. On a vu le manque de maîtrise des outils numériques qui existent et qui peuvent pourtant aider au quotidien. 13 millions de français se sentent éloignés du numérique. Cette question de la montée en compétence numérique de la population est au cœur du plan de relance, qui y consacre un volet dédié, doté de 250 millions d’euros de budget. L’objectif est de former les français avec des ateliers spécifiques, afin de leur donner envie de s’approprier ces outils.

Le Gouvernement a décidé de déployer 4000 Conseillers numériques France services dans toute la France. Le déploiement du dispositif a eu un réel écho auprès des acteurs territoriaux. Plus de 2000 d’entre eux sont déjà validés et les formations des Conseillers numériques ont également commencé. L’objectif est de couvrir le plus largement possible le territoire national. Les conseillers numériques seront mobiles sur le terrain pour animer des ateliers : une bibliothèque un jour, une place publique le lendemain et un espace France services le surlendemain.

L’objectif est de s’adresser aux personnes éloignées du numérique pour leur faire comprendre le réel gain que cela peut apporter dans leur quotidien et leur en faire profiter.

Est-ce que l’on peut imaginer qu’un conseiller numérique aille voir directement un commerçant afin de l’aider à se digitaliser ?

Ce n’est pas la cible que nous avons choisie en priorité. C’est plus une cible grand public, pour toucher l’ensemble de la population dans l’ensemble des actions du quotidien. On veut notamment éclairer la population sur les enjeux du numérique, concernant par exemple les données personnelles, sujet qui peut effrayer certaines personnes.

Pendant la crise, on a vu combien il était utile de maîtriser le numérique pour continuer son activité, les commerçants en sont la preuve. Je pense qu’il n’existe pas une solution universelle, il faut penser localement, choisir les cibles de chaque commune qui rencontrent des problèmes de différentes natures.

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Quels sont pour vous les enjeux de cette transition numérique ?

Cet enjeu est au cœur de nos actions, c’est un véritable outil de développement dans des périodes compliquées comme celle que l’on vit. On peut noter en premier lieu que cela peut être un énorme facteur d’exclusion pour certains territoires qui n’ont pas les mêmes moyens.

Nous luttons contre cela avec des infrastructures, pour que tous les territoires ruraux bénéficient du très haut débit, avec une connexion comparable à celle des grandes villes. On généralise également le déploiement de la 4G. Cette connectivité change vraiment la donne, en permettant de connecter les territoires entre eux et de les plonger dans le vif du sujet.

Éviter l’exclusion numérique c’est aussi permettre aux territoires de saisir les opportunités numériques. Bien qu’il existe des contraintes et qu’il peut y avoir des menaces pour certains types de commerces traditionnels, un renouveau dans leur activité est nécessaire. Le numérique donne un souffle nouveau aux acteurs locaux, en leur permettant avec des outils adaptés de changer leur forme d’activité et de développer leur créativité. Le sens de notre action est de les accompagner dans ce parcours.

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Pouvez-vous nous en dire plus sur le principe de tiers-lieux sur lequel vous travaillez avec l’ANCT ?

Le numérique ne doit surtout pas être coupé de l’humain et le monde virtuel du monde physique. La transition numérique nécessite des lieux pour incarner les nouvelles manières de faire ensemble à l’ère du numérique. Le tiers-lieux est un très bon outil, qui est l’objet même du programme “nouveau lieu, nouveau lien”. Ces espaces sont par nature multiformes : télétravail, formation ou encore production, avec des fablabs.

Ce sont des leviers intéressants pour générer des perspectives nouvelles dans les territoires. L’ANCT soutient 300 « fabriques de territoire » qui viennent irriguer l’ensemble de ces écosystèmes et les faire monter en qualité.

Comment conseillez-vous les élus par rapport à l’Open Data, qui peut orienter les politiques de la ville ?

Le sujet de la data est essentiel : avec le numérique, le nombre de données explose. Ce sont des informations qui permettent de piloter au mieux les territoires, que ce soit pour l’économie, l’écologie ou bien la mobilité. Dans le cadre du plan France Relance, nous avons mené une grande consultation avec les collectivités locales : la question des données ressort régulièrement. Sur les 17 thématiques que nous sommes en train d’approfondir, 3 portent directement sur les données. Concernant celles reliées au commerce, elles sont très nombreuses localement mais difficiles à exploiter.

L’Open Data est un moyen remarquable de partager ces données pour en retirer les analyses les plus pertinentes possibles. Cela permet donc de trouver des réponses et des solutions sur des sujets concrets de territoire et de commerce. On travaille ainsi avec l’Incubateur des territoires de l’ANCT que l’on renforce avec le plan France Relance mais aussi en favorisant l’échange des informations entre les territoires.

À titre personnel, comment imaginez-vous le centre-ville en 2030 ?

Etant donné que le numérique transforme toutes les activités et politiques publiques, beaucoup de choses vont changer. Outre la connexion des territoires qui reste un point essentiel et naturel, je pense qu’il faut repenser les modèles de développement des territoires et des centres-villes. Le nouveau modèle entre le physique et le virtuel permet de renforcer le lien entre le citoyen et la ville. Le numérique offre l’opportunité de repenser nos modèles de développement et donne de nouvelles clés aux acteurs du centre-ville. Il faut permettre à ces collectivités de saisir ces opportunités.

Avec nos collègues des programmes Cœur de ville et Petites villes de demain, notre objectif est de les accompagner à trouver de nouvelles idées en mettant à leur service de nouveaux outils pour qu’ils puissent par eux-mêmes dessiner leur futur.