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Raphaël Mocellin, Maire de la Ville de Saint-Marcellin

Raphaël Mocellin, Maire de la Ville de Saint-Marcellin

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Saint-Marcellin est une commune française située dans la vallée sud du Grésivaudan, département de l’Isère, région Auvergne-Rhône-Alpes, elle compte 7 800 habitants. La ville est Lauréate du Programme Petites Villes de demain.

Si je me projette en 2030, je pense que les centres villes doivent devenir de véritables cœurs de ville dans lesquels on peut retrouver de la proximité, de la mixité, des échanges et par-dessus tout de la vie.

Aujourd’hui le numérique est devenu incontournable, il fait partie de notre vie quotidienne.

Avez-vous le sentiment que vos administrés sont de plus en plus en demande d’aide concernant le numérique ? Si oui, comment votre ville leur vient-elle en aide ? Avez-vous le sentiment que cette démarche devient naturelle ?

Tout au long de cette crise, nous avons pu constater effectivement une augmentation de l’utilisation du numérique. A Saint-Marcellin, nous avons à cœur d’accompagner nos habitants dans cette transition numérique grâce à plusieurs actions :

La création d’un tiers lieu en concertation avec les habitants où ils peuvent accéder à des outils numériques, se former, s’informer, découvrir et se familiariser avec l’univers de l’informatique et du multimédia.

Ce tiers lieu est composé :

  • d’une mciro folie (musée numérique), réunissant des centaines de chefs-d’oeuvre de 12 institutions et musées nationaux à découvrir sous forme numérique en partenariat avec la Villette ;
  • d’un fablab ;
  • d’un espace de travail partagé (coworking) ;
  • d’un espace numérique (proposition d’ateliers numérique)

Saint-Marcellin vient d’être labélisée 1er campus connecté numérique de l’Isère par le Premier Ministre Jean Castex. Dès la rentrée 2021, une vingtaine d’étudiants pourront suivre leur parcours universitaire à Saint-Marcellin. Ce bel outil de proximité permet de répondre aux freins financiers et de mobilités et ainsi de garantir une égalité des chances.

En décembre 2020, en partenariat avec la MSA, la ville de Saint-Marcellin a obtenu la labellisation d’une Maison France Service où se tiennent les permanences de nombreuses institutions. Notre médiateur numérique présent sur notre centre social (La Fabrik des initiatives citoyennes) accompagne également nos administrés dans leurs démarches administratives dématérialisées.

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Nous faisons face à une fracture numérique qui est une question générationnelle. En effet, les personnes plus âgées ont beaucoup plus de mal avec la prise en main de ces nouveaux outils en comparaison avec les jeunes qui ont grandi avec ces nouvelles technologies. Cette fracture ne doit pas s’aggraver d’où la nécessité de la formation. Je pense qu’il est important que le numérique ne devienne pas un concurrent des commerçants de proximité, mais un complément, un atout supplémentaire. Il faut aussi accompagner les commerçants dans cette transition pour leur permettre d’utiliser efficacement les nouveaux outils, en complément du commerce physique.

Pour faciliter cet accompagnement, nous allons engager un manager de centre-ville qui va nous aider et faire la chasse aux locaux vacants pour réimplanter des commerces, et redynamiser notre centre-ville.

La part du numérique augmente chaque année mais nos commerçants n’ont pas toujours le temps de gérer un site internet ou même des réseaux sociaux pour promouvoir leurs produits, c’est finalement un métier à part entière qui vient s’ajouter à la vente physique en magasin. Les nouveaux porteurs de projets viennent avec un grand nombre d’idées et nous avons le devoir de trouver des solutions pour les accompagner et faciliter leur développement commercial et numérique.

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A ce titre, nous avons besoin d’engager un conseiller numérique qui puisse au mieux accompagner les commerçants à la fois dans leur publicité, leur mise en page, l’animation de leurs sites… C’est un métier à plein temps et nous devons trouver la bonne personne pour leur apporter une aide suffisante et adaptée.

Grâce à une étude, nous nous sommes également aperçus que les achats en ligne se font entre 17h00 et 21h00. Les magasins physiques sont fermés à cette heure-là et c’est pourquoi nous avons pour projet de mettre en place une galerie marchande virtuelle pour permettre à nos commerçants de vendre même quand ils sont fermés.

Pour les commerçants et artisans, la vente en ligne, le Click & Collect apparaissent pour certains comme une obligation. Nous connaissons les difficultés que peut engendrer cette transition vers le numérique.

Que pensez-vous de cette situation qui s’est accélérée avec la crise ?

Bien que le Click & Collect soit très utile pendant une telle crise, je pense que les gens ont besoin d’aller voir le producteur, le vendeur, le commerçant pour avoir un réel contact et conserver ce lien très important. Je ne dirai pas que cette démarche de numérisation a été naturelle mais cette pandémie nous a mis au pied du mur. Nous avons dû apprendre à nous développer car nous n’avions pas le choix.

D’après moi, le numérique doit se jouer en collectif et pas en individuel. Il faudrait une union commerciale ou une association de commerçants pour faire des compromis et satisfaire tout le monde.

Comment imaginez-vous les centres-villes et le monde commerçant à l’horizon 2030 ?

Le système de consommation évolue très vite de nos jours, mais je pense qu’une chose ne changera pas : c’est le besoin de conseils et de service humain dans le commerce.

Bien que les outils numériques soient très utiles et de plus en plus efficaces, il y a toujours quelque chose qui manque et c’est le contact au client. Je pense qu’il va falloir trouver un juste milieu qui permette un équilibre entre la numérisation et le commerce physique. Les commerces de proximité ne sont pas voués à disparaître, même si les grandes enseignes prennent de la place, les gens aiment compléter leurs courses avec des produits qualitatifs que l’on trouve dans les boutiques spécialisées.

Je trouve très intéressant le dispositif de boutiques à l’essai, c’est une véritable piste de lancement qui permet à des gens qui ne sont pas forcément des businessmans de se lancer et de tenter de nouveaux concepts. Je pense qu’il est important de soutenir ce type de concept pour favoriser la création d’entreprises innovantes, stimuler les entrepreneurs ainsi que le commerce. Ce que j’espère c’est que d’ici là, les gens ne perdront pas l’envie de se rencontrer, se découvrir et de créer du lien entre eux. Il faut consolider cette solidarité en consommant en centre-ville, en consommant local, en faisant des évènements et en utilisant des mobilités douces qui méritent encore d’être développées.

Nous avons la responsabilité d’assurer la transformation de nos centres-villes en véritables bassins de vie en faisant évoluer les moyens logistiques ainsi que l’organisation de la ville pour faciliter la vie des habitants et répondre à leurs nouveaux besoins.

Comme on dit, « seuls on va plus vite, ensemble on va plus loin », je pense que nous devons tous travailler en équipe (commerces, associations, collectivités, habitants…) pour modeler le centre-ville à nos nouveaux besoins de la manière la plus efficace possible.