Les initiatives post-confinement pensées :
- Cette période de transition va premièrement être beaucoup portée par l’initiative citoyenne. Il faudra écouter les citoyens (habitants, commerçants, usagers) qui, naturellement, pour améliorer leur quotidien, vont mettre en place diverses solutions pour répondre aux problèmes posés. C’est là que les autorités ne doivent pas constituer un frein à ces initiatives, mais apporter un œil professionnel, extérieur, capable d’améliorer ces solutions, les rendre viables et efficaces sur un plus long terme tout en garantissant l’intérêt général et l’application de la loi. On parle « d’urbanisme tactique, ou d’urbanisme citoyen ».
Exemples : les expériences de « Parking Day » à San Francisco d’abord puis partout dans le monde, ou de « Living Street » à Gand en Belgique : les rues sont fermées à la circulation pendant un temps défini, les places de parking libérées et les habitants peuvent se réapproprier les espaces : installation de mobilier éphémère, jeux, interventions artistiques…
- La tentation d’utiliser la voiture, moyen de transport individuel sécurisé au niveau sanitaire, sera très forte durant les semaines, voire mois qui vont succéder le déconfinement. En effet, les citoyens auront peur de reprendre les transports en commun, peur légitime de transmettre ou d’attraper le virus. Néanmoins, ce réflexe naturel va poser deux problèmes majeurs, qu’il faut pouvoir prendre en compte dans les mesures de déconfinement :
- L’engorgement des voies routières par un trop plein de voitures individuelles, notamment dans les grandes villes
- Un retour en arrière dans la lutte contre le réchauffement climatique, lutte restant tout de même primordiale, malgré l’urgence sanitaire. L’utilisation du vélo et son essor ces dernières années est caractéristique de ce risque
Il serait donc pertinent de renforcer les possibilités de déplacements cyclables tout en garantissant le respect des normes sanitaires et de sécurité.
Concrètement il faudrait libérer de la place pour les pistes cyclables, à la fois pour en créer de nouvelles et pour élargir les pistes actuelles, trop étroite par rapport aux flux à venir. Cela implique nécessairement de réduire la place de la voiture en créant par exemple des rues interdites aux véhicules particuliers au profit des vélos ou en supprimant des stationnements.
En 2019, lors des grèves à Paris, 54% d’utilisateurs supplémentaires à prendre le vélo ont été recensés. Il faut que ce phénomène continue à s’amplifier. Gardons à l’esprit qu’à gabarit équivalent une voie vélos fait circuler 4 à 5 fois plus de personnes qu’une voie réservée aux voitures.
La situation actuelle nous offre l’opportunité d’accélérer fortement la mise en place des « Plans Vélos » que de nombreuses villes peinent à déployer.
On comprend bien qu’un des enjeux principaux est de pouvoir « dilater » l’espace urbain pour pouvoir respecter les consignes de sécurité, avec la distanciation physique.
- En ce qui concerne les commerces, il semble primordial d’accorder beaucoup plus d’espaces aux commerçants dans l’espace public. Ainsi, ils pourront maintenir leur activité dans le respect des normes les plus strictes. Plusieurs pistes sont à envisager :
- Utiliser un espace régulièrement inoccupé à des heures ou jours précis (places de stationnement de livraisons le dimanche ou certaines heures de la journée / matérialiser un espace de vente extérieur devant les commerces avec des potelets mobiles / organiser des files d’attente extérieures avec des potelets amovibles à ruban rétractable…)
- Rendre le centre-ville piéton les jours de marché :
Permettre aux commerçants de déborder sur certains espaces publics et à ceux du marché de s’installer de façon diffuse dans le centre-ville notamment sur les terrasses des cafés quand elles sont fermées, devant les commerces vacants, et peut être rendre piéton le cœur de ville ces jours là
- Par ailleurs, l’un des enjeux à plus long terme est à mon sens de valoriser cette période particulière, propice aux changements, pour valoriser et pérenniser certaines tendances positives que l’on a pu voir émerger chez nos citadins :
- Beaucoup de citadins ont découvert le plaisir de bien respirer en ville et d’entendre les oiseaux, d’autres ont découvert de nouvelles formes de solidarité et d’entraide, ou encore d’aliments de grande qualité produits à proximité de chez eux…