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Action Coeur de Ville

Rollon Mouchel-Blaisot, Préfet, Directeur du programme Action Coeur de Ville

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Action Cœur de Ville en quelques mots …

Action Cœur de Ville est un programme gouvernemental qui consolide le développement et l’attractivité des villes moyennes, précisément 222 villes qui ont été sélectionnées en 2018 pour leur rôle irremplaçable de centralité et, pour cela, en investissant prioritairement dans la revitalisation des centres-villes.

Pendant des décennies, nous avons laissé dépérir le cœur de ville ; aussi, il faut réinvestir dans les commerces, les logements, lutter contre l’étalement urbain, mettre en place une ville du XXIe siècle avec un cadre de vie agréable.

La question des commerces est essentielle mais c’est surtout une politique globale qui permet de donner aux élus, avec le concours des préfets sur la suspension potentielle de projets périphériques disproportionnés, les moyens de revitaliser le centre-ville. Nous accompagnons les villes face à deux défis : faire (re)venir des habitants et développer de nouvelles activités grâce au numérique.

Dans le cadre du Plan Action Cœur de Ville, quel type de soutien développez-vous sur le sujet du numérique pour vos 222 villes ?

Le numérique fait partie intégrante de nombreuses actions réalisées dans nos collectivités.

À Carpentras, en attendant de créer une « gare du numérique » dans l’ancienne gare ferroviaire, des startups dans le domaine du numérique ont loué, avec l’aide de la municipalité, un certain nombre de cellules commerciales vacantes dans une même rue. Elle est maintenant devenue “la rue du numérique ».
On peut noter d’autres exemples notamment avec le soutien de l’État via le plan de relance ou encore l’aide au recrutement de managers du commerce par la BdT. L’enjeu numérique dans ces fonctions est très important. Tout au long de cette crise sanitaire, les communes ont aidé les commerçants à relever le défi cette transition numérique. Par exemple, des mairies ont permis à des commerçants d’avoir un local pour faciliter leurs livraisons en Click & Collect.

Le numérique ne peut pas remplacer les contacts physiques. Pour maintenir le contact humain, le commerçant peut livrer lui-même. Le numérique doit :

  • Faire connaître ;
  • Elargir la gamme d’offres ;
  • Proposer un réel service après-vente

Cela doit être un complément mais pas remplacer le physique. C’’est un bonus qui complète leur activité de base.

Il y aussi des différences de fiscalité et des enjeux de logistique urbaine. Il ne faut pas que le centre-ville devienne une zone désorganisée avec ces livraisons de tous les côtés. La logistique urbaine est fortement impactée par « l’uberisation » de nos centre-villes. Les grandes plateformes extra territoriales doivent contribuer à la compensation des dépenses de logistique urbaine, comme les déchets et les livraisons.

Le défi de cette décennie est de faire du centre-ville un espace convivial intégrateur, dynamique et résilient et de repenser la périphérie commerciale

La crise que nous traversons a accéléré la transition vers le numérique. Quel est le bon équilibre à trouver entre commerce physique et commerce en ligne ?

Il ne faut pas oublier que le commerce physique est le premier employeur en France. L’enjeu économique et social est donc très important.

Les commerces ont pu tenir grâce aux aides de l’État et des collectivités. Cependant, il va y avoir une période délicate lors de la réouverture progressive des commerces et activités, avec un accompagnement ad hoc indispensable lors de cette phase de transition. Il est prévu par le gouvernement.

On aura peut-être aussi moins de commerce mais ils seront plus qualitatifs et mieux adaptés aux attentes, évolutives des consommateurs. Il faut que ce soit fiscalement équitable entre toutes les formes de commerce. Les commerces de centre-ville seront concurrentiels en proposant un service et un produit plus qualitatif que sur Internet. Le numérique doit être au service de cet art de vivre commercial à la française.

Nous parlons beaucoup des datas pour comprendre nos consom’acteurs du centre-ville. Que représentent pour vous ces Open Datas ? Y a- t-il aujourd’hui des financements ou des réalisations pour les villes Action Coeur de Ville ?

Dans un secteur économique où les actions collectives sont difficiles à mettre en œuvre, la représentation professionnelle est souvent émiettée.

Pour contribuer à la réalisation de ces actions collectives, on peut citer le recrutement des managers de commerce, les opérations de restructurations foncières (6000 cellules dans le cadre du plan de relance) et enfin la mise en place d’une étude de diagnostic liée à la crise, où rentre en jeu un certain nombre de données pour aider les commerçants à s’organiser. L’esprit est de mutualiser les informations pour aider chacun à s’adapter aux attentes et aux besoins.

Les données aident aussi beaucoup les décisions des maires. L’analyse des flux collectées par l’Open data est très importante. En suivant les chiffres année après année, cela permettra de savoir si les actions sont efficaces et utiles ou pas.

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Les données sont à la disposition des collectivités. L’accès aux données retravaillées et parlantes est un plus désormais. Avec l’ANCT, nous allons d’ailleurs fournir aux 222 villes bénéficiaires du programme national Action cœur de ville les données sur les flux concernant l’accès à leur propre centre-ville.

Comment imaginez-vous les centres-villes et le monde commerçant à l’horizon 2030 ?

A l’issue de la crise, nous trouverons un bon équilibre. L’idée de penser le commerce d’une manière indépendante des autres enjeux publics est totalement dépassée. L’aménagement urbain va changer durablement avec une mixité de fonction et d’usage. L’idée est de créer un cadre plus agréable avec une évolution d’accès et de mobilité. Le défi de cette décennie est de faire du centre-ville un espace convivial intégrateur, dynamique et résilient.

Il faut créer la « « ville du quart d’heure », avec un accès facile aux services, à la nature et à la culture à moins de 15 minutes de chez soi. Je pense que tout est lié : revitaliser les centre-ville et repenser la périphérie commerciale, sans oublier de « nettoyer » nos entrées défigurées d’agglomération qui ont enlaidi nos paysages urbains. Il faut à cet égard réinventer les commerces de centre-ville et développer des nouveaux services à la personne, ce qui est incompatible avec la poursuite de l’étalement urbain. Il faut tout traiter en même temps, en cohérence.